lundi 3 décembre 2012

La traduction poétique et le rôle politique de la traduction


La traduction poétique est certainement une des activités linguistiques les plus téméraires et attirantes car elle incarne par essence l’imperfection latente présente dans la traduction propre. Le critique littéraire, enseignant et écrivain italien, Antonio Prete, dans « All’ombra della lingua », définit très habilement un parcours théorique sur la traduction pour partager des réflexions et des émotions de valeur et signification extrême avec tous les amateurs et les passionnés de poésie.

Nous présentons ici quelques-uns des aspects les plus significatifs signalés par l’auteur.  Le premier est celui de l’« hospitalité ». La langue du traducteur « accueille » celle du poète en dialoguant avec elle et en instaurant une relation similaire à une « expérience amoureuse ». Le concept « de l’écoute et de l’imitation » est également fondamental pour définir comment la traduction implique un processus complexe d’émulation; le traducteur lyrique devient donc à son tour poète, car, dans sa langue, il doit pouvoir maîtriser parfaitement le rythme, la métrique et le langage poétique.

La traduction, donc, implique un exercice dans sa propre langue et dans celle du texte source, créant un lien entre le traducteur et son écriture propre. Cet aspect introduit un principe universel qui va au-delà du simple exercice de traduction:
L’expérience de l’autre qui assiste et soutient dans l’analyse de sa propre intériorité.

Prete cite, de plus, le « rôle politique de la traduction »:
L’hospitalité envers celui qui émigre - la reconnaissance de ses droits en ce qui concerne sa langue, car la langue est une forte prérogative d’identité et d’appartenance. La traduction est donc la pratique d’un dialogue entre les langues. Le concept du dialogue est affronté également d’un point de vue plus technique. La traduction est vue comme débitrice vis à vis du texte original, sa vie y est liée mais elle ne doit en aucune façon le suffoquer – « la respiration du premier texte continue à vivre dans la traduction ».

Dans la traduction poétique, on expérimente en profondeur le rapport de la fidélité, question affrontée avec originalité par Prete, surtout par rapport à une école qui voudrait traiter la traduction comme une matière scientifique exacte.
En effet, on autorise souvent au traducteur un espace créatif, une liberté dans sa propre langue qui ne doit pas cacher l’original, mais lui laisser l’espace nécessaire pour que, justement, se crée un « contact intime ». Ce sont les termes de l’expérience amoureuse dont Prete parle au début du livre: un dialogue dans lequel il y a un partage des espaces, sans que l’un des esprits qui composent la traduction ne prévale sur l’autre.

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